La Parole de Dieu dans la liturgie dominicale nous donne à entendre des textes particulièrement marqués par la culture de l’époque.
Les propos des pharisiens partisans d’une stricte observance de la loi, ont pour but de tendre un piège à Jésus dont les succès dérangent de plus en plus. Des divergences sur l’interprétation de la loi étaient déjà sujet sensible…
L’interprétation de la loi sur la question du divorce ou de la répudiation faisait polémique. Différents courants s’étaient établis. Certains acceptaient que le mari, lui seul, puisse renvoyer son épouse pour n’importe quel motif… (mc 10,2).
D’autres, par contre, soutenaient qu’il fallait une raison grave pour que le divorce soit prononcé. Le piège «politique» essayait de mêler Jésus dans ces controverses : du permis et du défendu ! Jésus dirige nos regards plus haut, vers le Créateur dont les projets sont bien différents.
Jésus nous rappelle l’initiative de Dieu. Le livre de la Genèse en première lecture nous raconte cette initiative dès le commencement : Dieu qui vient de créer l’Homme se soucie de lui.
Gn. 2,18 « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » - « Je vais lui faire une aide qui lui correspondra… » L’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu, cela signifie qu’ils sont des êtres de relation et d’amour. L’homme qui a reçu sa vie de Dieu, reçoit ainsi un vis-à-vis (de visage à visage).
Leur vocation est d’être unis dans et par leur différence. Si l’union de l’homme et de la femme est si importante, c’est qu’elle est signe de l’amour de Dieu pour l’humanité, signe de l’Alliance de Dieu avec l’Homme. La beauté de ce projet révèle aussi nos fragilités et nos cœurs blessés. Pour cela, je vous invite tous à vous unir par la prière avec les participants au Synode sur la famille à Rome.
Dieu continue à faire confiance malgré nos pauvretés, nos blessures, nos incompréhensions… Sachons créer, comme Jésus le fait dans l’évangile, des horizons nouveaux. Ne réduisons pas les signes de l’amour et la manifestation de la compassion divine à de simples casuistiques du permis et du défendu.
Jésus et les enfants : la scène est d’une grande portée – mc 10,15- « Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant, n’y entrera pas ».
Comment interpréter ceci ? A l’époque, le statut des enfants était fort différent de celui d’aujourd’hui. L’affirmation de Jésus nous invite à retrouver l’étymologie du mot enfant (en latin : infans . Préfixe privatif in – fans participe présent de for, fari « parler » ce qui veut dire incapable de bien parler, inéloquent ). La pédagogie du Christ nous amène à faire grandir en nous l’enfant (celui qui doit apprendre à parler) à retrouver les gestes de l’amour, les paroles de la compréhension réciproque, les regards de la tendresse, les visions prophétiques.
Enfin, l’accent sur la « bénédiction » n’est pas à perdre de vue :
« Dieu créa l’humain…, Il les bénit » Gn 1,28
« De Sion, que le Seigneur te bénisse... » Ps 127,5
« Jésus embrassait… et les bénissait » Mc 10,16
BENIR est bien plus qu’une parole ; c’est un acte par lequel est transmis un vrai don, le don de la vie heureuse ! Dieu est celui qui nous bénit et nous y répondons par la bénédiction d’action de grâce (Eucharistie).
HOMELIE du Père Luigi Quaranta
XXVIIè dimanche du temps ordinaire. Paroisse Christ Roi le 4 octobre 2015